Songes terrestres
DOC 234—34/2
Songes Terrestres : Lueurs d’Uranus
La sagesse des Lianes, exposition imaginée par Dénètem Touam Bona, CIAP Vassivière, 2021
Film hd couleur, son, 14min51
Impressions 3D céramiques
Terre
La sagesse des Lianes, exposition imaginée par Dénètem Touam Bona, CIAP Vassivière, 2021
Film hd couleur, son, 14min51
Impressions 3D céramiques
Terre
Plongée au fond des anciennes mines d’uranium du plateau de Millevaches. Au fur et à mesure de la descente, une voix s’élève. Elle porte celles des êtres exploités/contaminés par Areva/Orano dans sa quête du minerai radioactif. De Bassine à Arlit, de Reggane à Akokan, les histoires de celleux dont les corps ont été irradiés résonnent sous la terre.
Le plateau de Millevaches fait parti avec la Haute-Vienne des premiers territoires de prospection de l’Uranium civil à partir des années 60 (politique du Général de Gaulle qui a fait de la course au nucléaire un moyen pour la France de retrouver sa « grandeur et puissance » d’avant-guerre) et qui s’appuiera sur les stratégies de spoliation et d’exploitation coloniale. Dès les années 70, la Cogema abandonne progressivement l’exploitation des mines sur le territoire français pour les gisements au Niger.
Les voix s’élèvent au travers des poèmes de Hawad, poète touareg dont les textes portent mémoires et insurrections de ces histoires irradiées. Des essais nucléaires français au sud de l’Algérie (Gerboise bleue 13 février 1960) à Arlit et aux monts d'Agadez au sud où l’Uranium est encore extrait aujourd'hui, ses textes évoquent les impacts de la radioactivité et de l’extraction coloniale sur les populations et territoires touareg ainsi que les mouvements de résistance qui s’y sont opposés. La poésie d’Hawad est une poésie de révolte, d’invocation et de tempête. Elle porte la voix des résistant.es qui se sont opposés à l’exploitation des terres qu’iels habitaient et qui viennent ici (c)hanter le film de leur présence.
Le film a été tourné en argentique, comme un rappel du rôle qu’avait joué cette technique dans la découverte de la radioactivité, mais aussi comme pour laisser la possibilité aux êtres et aux présences qui ont survécu à ces histoires d’extraction d'imprimer de leur présence sur la pellicule. Une tentative de ne pas de « prendre » ou « fabriquer » des images, mais d’ouvrir un creuset sensible où les présences habitant ces lieux pourraient s’infiltrer.
Les céramiques qui composent l'installation reprennent la forme des Oyas, des jarres d’irrigation écologique en terre poreuse que l’on enterre auprès des plantes et qui les irriguent par capillarité. Elles imaginent ici des formes de monument/mémorial pour les sols abîmés, meurtris et contaminés par les activités humaines. Elles sont pensées comme des corps poreux de mémoires, leurs formes contiennent une histoire et leurs rôles est de soutenir les êtres non humain.es qui les entourent. Au travers de ces objets, le mémorial devient un lieu de soins, le lieu d’une mémoire vivante liée à un geste, celui d’accompagner le mouvement de régénération que la nature opère elle-même.
« Hors de contrôle,
loin du champ de vision,
un homme démonte la frontière.
Vous qui par nos corps
meublez de luxe vos abris,
imaginez notre monde,
un monde dont on a pillé
la frontière »
Hawad, Sahara vision atomique,2003
Le plateau de Millevaches fait parti avec la Haute-Vienne des premiers territoires de prospection de l’Uranium civil à partir des années 60 (politique du Général de Gaulle qui a fait de la course au nucléaire un moyen pour la France de retrouver sa « grandeur et puissance » d’avant-guerre) et qui s’appuiera sur les stratégies de spoliation et d’exploitation coloniale. Dès les années 70, la Cogema abandonne progressivement l’exploitation des mines sur le territoire français pour les gisements au Niger.
Les voix s’élèvent au travers des poèmes de Hawad, poète touareg dont les textes portent mémoires et insurrections de ces histoires irradiées. Des essais nucléaires français au sud de l’Algérie (Gerboise bleue 13 février 1960) à Arlit et aux monts d'Agadez au sud où l’Uranium est encore extrait aujourd'hui, ses textes évoquent les impacts de la radioactivité et de l’extraction coloniale sur les populations et territoires touareg ainsi que les mouvements de résistance qui s’y sont opposés. La poésie d’Hawad est une poésie de révolte, d’invocation et de tempête. Elle porte la voix des résistant.es qui se sont opposés à l’exploitation des terres qu’iels habitaient et qui viennent ici (c)hanter le film de leur présence.
Le film a été tourné en argentique, comme un rappel du rôle qu’avait joué cette technique dans la découverte de la radioactivité, mais aussi comme pour laisser la possibilité aux êtres et aux présences qui ont survécu à ces histoires d’extraction d'imprimer de leur présence sur la pellicule. Une tentative de ne pas de « prendre » ou « fabriquer » des images, mais d’ouvrir un creuset sensible où les présences habitant ces lieux pourraient s’infiltrer.
Les céramiques qui composent l'installation reprennent la forme des Oyas, des jarres d’irrigation écologique en terre poreuse que l’on enterre auprès des plantes et qui les irriguent par capillarité. Elles imaginent ici des formes de monument/mémorial pour les sols abîmés, meurtris et contaminés par les activités humaines. Elles sont pensées comme des corps poreux de mémoires, leurs formes contiennent une histoire et leurs rôles est de soutenir les êtres non humain.es qui les entourent. Au travers de ces objets, le mémorial devient un lieu de soins, le lieu d’une mémoire vivante liée à un geste, celui d’accompagner le mouvement de régénération que la nature opère elle-même.
« Hors de contrôle,
loin du champ de vision,
un homme démonte la frontière.
Vous qui par nos corps
meublez de luxe vos abris,
imaginez notre monde,
un monde dont on a pillé
la frontière »
Hawad, Sahara vision atomique,2003